vendredi 22 mai 2020

Jean-Michel Fourcade - en mémoire d'un pionnier

La Nouvelle Faculté Libre (formation de psychopraticiens relationnels et de psychanalystes intégratifs - Paris) est en deuil de son directeur, notre camarade HEC 66 Jean-Michel Fourcade, décédé le 13 Avril 2020 dans sa 77ème année. 
 D'innombrables témoignages d'affection et de gratitude l'ont accompagné dans ce "grand passage". Son parcours est une illustration du conte taoïste "le pot fêlé":
 

Une Chinoise rapportait chaque
jour l'eau nécessaire à sa maison ; elle trottinait ainsi avec ses deux pots accrochés à sa longue perche. Par malheur, l'un des pots était fêlé et perdait son eau tout au long du chemin, si bien qu'il arrivait toujours à demi-rempli. De longues années passèrent avant que le pot fêlé, désespéré de sa piètre performance, ne demandât à être déchargé de son office. La paysanne le consola ainsi : "par ta fêlure, tu as arrosé chaque jour les bords du chemin, permettant aux fleurs de s'y épanouir jusqu'à pouvoir décorer ma table".
Acceptons nos défauts qui peuvent être des trésors pour les autres...

Olivier Devergne a rassemblé et nous transmet ci-dessous les témoignages de cinq camarades HEC.

Vincent Lenhardt (HEC 65) - son vieil ami et complice, thérapeute et Executive Coach, connu pour avoir introduit le Coaching en France en 1988, qui est resté très lié à lui jusqu’à présent.
Propos recueillis par Jean Pierre Richard (HEC 66).

Jean-Michel a été en France le vrai pionnier de la thérapie humaniste et relationnelle née en Californie au début des 1970-80 : Bioénergie, Gestalt, groupes de rencontres cri primal, travail régressif en piscine d’eau chaude... Il a amené et expérimenté en France ces différentes pratiques et a fondé en1972 le Centre de Développement du Potentiel Humain (CDPH), centre pionnier de la psychologie humaniste en France dans la logique des travaux de Rogers, Maslow , Lee Cooper, Perls, Lowen, Pierrakos, Berne, etc…

 
Vincent Lenhardt le rejoindra au CDPH, en qualité de co-directeur de 1976 à 1981.
Ils animeront beaucoup de séminaires ensemble et publieront en 1981 un livre «Les bio-scénarios» (synthèse de la Bioénergie et de l’Analyse Transactionnelle) réédité en 2007 chez Dunod.
En 10 ans, s’établira ainsi ce qui est devenu sans doute la meilleure école de thérapie en France
Suivra en 1991 la Nouvelle Faculté Libre (NFL), association pour la promotion de la «Psychanalyse Intégrative» (émotions, corps, inconscient, spiritualité, travail de groupe).
Ce travail de construction et de structuration se poursuivra par la fondation du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie (SNPPsy) permettant aux meilleurs thérapeutes formés par cette filière en France de défendre leur identité et leurs apports, face à des professionnels formés dans un cursus beaucoup plus universitaire et académique, et de faire reconnaitre leur profession novatrice.

Jean-Michel est reconnu par ses pairs comme l’un des meilleurs thérapeutes français
En 2016, il publiera chez Eyrolles «Les personnalités limites» (hypersensibles, à fleur de peau, écorchés vifs, tous «boarder line»).
Il était aussi licencié en droit, DES de philosophie, docteur en psychologie clinique, psychanalyste.

Après 3 ans d’une longue maladie, il est décédé à Paris le 13 avril 2020, entouré de son fils et d’amis très proches associés à son parcours professionnel de pionnier d’une nouvelle discipline.


Christian Maisons
(HEC 66)
Je connaissais bien Jean-Michel pour avoir été initié, grâce à lui, à la bioénergie, une méthode de travail sur soi, issue de l'œuvre de Wilhem Reich, très en vogue dans les années 70 dans la foulée, en France, de la "révolution" de mai 68. Une découverte essentielle pour moi qui a débuté par un très étonnant séminaire dans le cadre tout aussi surprenant du domaine des Courmettes. Découverte suivie de celle de la «gestalt therapy» (Beverly Silverman) et de l'«aqua-energetics» (travail régressif en piscine d’eau chaude créé par Paul Bindrim).
Jean-Michel était,sans conteste, une personnalité attachante toute de bienveillance pour les personnes et de curiosité pour les techniques de développement personnel très nouvelles à l'époque, inspirées par le New-Age et le mouvement américain du Potentiel Humain (dont le centre de Esalen a été le porte-drapeau).
En même temps, Jean-Michel était resté fidèle aux fondamentaux de la psychanalyse, ce qui explique l'évolution et l'aboutissement de sa carrière.
La mienne s'est poursuivie dans une direction différente mais est restée imprégnée des valeurs du Potentiel Humain, ce dont je lui suis pleinement redevable.
Nous n'étions plus en contact depuis longtemps et, naturellement, son décès me fait le regretter et me touche beaucoup plus profondément que j'aurais pu l'imaginer !
Bon voyage, mon cher Jean-Michel, sur cet autre versant de notre vie, où nous nous rencontrerons peut-être, et où nous évoquerons alors les passionnants moments partagés !


Jacques Monbeig (HEC 66)
Je garde un souvenir très sympathique de Jean-Michel, qui faisait partie du comptoir Espagnol première langue.

C’était un camarade très ouvert, toujours en mouvement. Je le revois toujours aller et venir avec véhémence pour défendre ses idées avec vivacité (et talent !).
Il portait déjà la barbe, dans un style très «rive gauche», et nous avions rarement les mêmes idées. Cela ne nous empêchait pas d’avoir des rapports chaleureux.

Sa carrière a été un prolongement naturel et généreux de ses convictions. Malheureusement, nos vies professionnelles ont été très différentes et nous n’avons pas eu l’occasion de nous revoir.


 Robert Bellaiche (HEC 66)
Jean-Michel était un ami cher et précieux.
Une culture encyclopédique, une grande finesse, une curiosité de l’autre, un rire communicatif.
Il a eu quelques moments professionnels et personnels délicats. J’ai essayé de l’aider.
Dans une période difficile pour moi, il a été très présent.
Depuis plusieurs années nos routes s’étaient éloignées.
Adieu l’ami.


Maurice Nussenbaum (HEC 66)
Je l’ai bien connu dans une époque déjà lointaine.
C’était un esprit novateur qui s’est d’abord intéressé à l’édition à la sortie de l’école et a occupé des fonctions de direction dans une maison d’édition.
Il s’est ensuite tourné vers les thérapies comportementales, est allé se former en Californie, et a créé en France dans les années 70 un centre appelé CDPH ( Centre de Développement du Potentiel Humain ), où il assurait avec une équipe à la fois des formations et des thérapies.
Après, nous nous sommes perdus de vue.
C’était un esprit curieux, et il a beaucoup contribué au développement en France de la psychanalyse freudienne intégrative.

jeudi 21 mai 2020

Christian Masurel - Souvenirs d'un gentleman

Notre camarade Christian Masurel est décédé le 1er juillet 2019.
Olivier Devergne a rassemblé pour nous les témoignages d'Henri Saint Olive, Pierre Rey Jouvin, Dominique Escarra.
 

L'éditeur du blog, Jean-Jacques Decléty, est en accord profond avec ces témoignages. Il se permet d'y ajouter, d'une part, une réflexion - à l'École, on affublait Christian du sobriquet de "Zuzu", navrante négation de son élégance –, d'autre part, une photographie prise dans l'autocar lors du voyage de promo à Toulon le 25 septembre 2006 – le sourire de Christian.


Henri Saint Olive
Christian Masurel était un seigneur d'un autre temps et d'un autre monde.
Il l'a toujours su, mais peu l'ont compris.
Son temps n'était qu'à lui et son monde était l'Art.
Ses amis ont dû l'apprendre pour comprendre Christian.
Pour percer la personnalité de Christian, il fallait connaître sa famille et son histoire : Laure, leurs 3 fils , ses petits-enfants, ses frère et sœurs, son Père, sa Mère, La Pointe, Mouvaux , les œuvres d'art que possède sa famille....
Les marchands de laine Masurel sillonnaient le monde dès le début du 19ème siècle et bâtissaient Mouvaux.
Ses aïeux allaient en Australie, son Père a parcouru la Chine à l'époque de Mao. Ceux qui ont rencontré son Père ne peuvent oublier sa forte personnalité, sa haute stature, une jambe perdue qui ne le gênait en rien, sa vision du monde, sa générosité.
La famille de sa Mère, les célèbres soyeux lyonnais Roche de la Rigodière achetaient leur soie en Chine et au Japon ; ils inventèrent le «crêpe Georgette».
Ses grands oncles Dutilleul, en avance sur le goût de leur temps, constituèrent une immense et remarquable collection de tableaux. Le musée de Villeneuve d'Ascq abrite aujourd’hui l'essentiel de cette collection que Jean Masurel, son Père, avait beaucoup enrichie : Christian était très attaché à cette collection et au musée qui a bénéficié d'un don exceptionnel. 


Ceux qui ont été en la compagnie de Christian en prépa HEC à Ginette, puis à HEC boulevard Malesherbes, à Harvard, à Mourmelon dans les chambrées à 3 lits superposés et le parcours du combattant, dans la Marine à Toulon, ceux qui ont parcouru avec Christian durant 2 mois le Proche Orient en 2CV dans les middle sixties, ceux qui l'ont croisé dans les couloirs d'une banque qui n'existe plus, imaginé à Kuala Lumpur ou Oslo dans le costume du banquier international, accompagné à New York ou Paris dans les musées et les expositions, dévalé avec lui les hors-piste en ski (son sport préféré dans lequel il excellait)... ont eu l'immense bonheur d'apprécier sa culture, son humour parfois acide, ses multiples centres d'intérêt, sa conversation jamais banale et sa personnalité aux multiples facettes, très attachante.

On n'oublie pas Christian.
Henri Saint Olive


Pierre Rey Jouvin
Christian Masurel nous manque !
C'était un très bon ami et nous avons passé des moments inoubliables, avec sa charmante épouse, Laure et leurs trois fils, entre autre, dans leur belle maison familiale de «La Pointe» dans l'Estérel.
Christian était de naturel discret mais recélait des trésors de passions et de connaissances.
L'ART d'abord. Il avait baigné depuis son enfance dans le cubisme et le surréalisme. Son oncle, Roger Dutilleul et son père, Jean Masurel, avaient constitué l'une des plus belles collections privées françaises en peinture et sculpture. Cette magnifique collection a permis de créer le LAM par leur donation de centaines de Picasso, Braque, Léger, Modigliani, Lanskoy...
Christian, lui, aimait beaucoup l'art moderne, l'art brut, les arts premiers.
Il était une mine de connaissances qu'il aimait partager avec ses amis, intarissable !

Il adorait aussi jardiner, la beauté des arbres et des fleurs, comme celle de la mer.

Dans sa carrière professionnelle, il avait voulu connaître d'autres cultures, du chaud (la Malaisie) au froid (la Scandinavie).
Christian : éclectique, discret, intéressant, passionné, fidèle en amitié et très original.
Pierre Rey Jouvin


Dominique Escarra
Notre camarade Christian Masurel, dont nous déplorons la mort, n’était pas l’homme d’une seule passion. La multiplicité de ses dons l’avait porté à s’intéresser à la littérature et à l’art, sans doute plus qu’à la finance.
Christian était très hospitalier : je ne compte plus les séjours passés dans sa famille dans le nord lorsque nous étions en prépa ensemble, et ensuite dans les années 63-66 à la Pointe de l’Estérel en été ou à Tignes pour le ski en hiver. Il invitait toujours plusieurs amis, il n’était jamais seul.
Christian étant quelqu’un de spontané et pas du tout calculateur, il ne demandait jamais de réciprocité. Comme c’était toujours lui le fédérateur de bande d’amis, l’idée ne m’était jamais venue, dans ces années de jeunesse, de l’inviter dans ma famille qui ne manquait pourtant pas de propriétés.
Christian a toujours été quelqu’un de très chaleureux, même si on ne s’était pas vus depuis 10 ans. Ainsi nous avons constitué un groupe de randonnée en montagne en peau de phoque il y a près de 15 ans, où Laure et lui étaient impressionnants de vigueur.
Il n’aurait pas dû aller à Harvard après HEC, il aurait mieux fait de se présenter à l’ENA et devenir haut fonctionnaire dans le monde de la culture.
Que Christian, malgré ses talents,  n’ait pas réussi à s’imposer comme un grand leader dans le milieu de la banque ou de la banque d’affaires n’a rien d’étonnant : il était tout le contraire d’un arriviste. Ainsi disait-il toujours ce qu’il pensait, même lorsqu’il avait tout à perdre en le disant. Certains appelleraient cela être gaffeur ; je ne le pense pas, puisqu’il le faisait toujours sciemment, en exprimant spontanément sa noblesse de cœur et d’esprit… quoiqu’il lui en coûtât.
Peut-être Christian avait-il été marqué par un père dont la personnalité et le succès étaient assez écrasants, cela lui aura insufflé une timidité dont il ne s’est jamais vraiment séparé, et qui finalement faisait partie de son charme.
Peu importe que le monde des affaires ne l’ait pas passionné, il a réussi dans d’autres domaines, il a certainement été un excellent père de famille et avait plein d’amis sincères.
Je ne retrouverai jamais quelqu’un d’aussi disponible et désintéressé. On ne s’aperçoit jamais de cela que lorsqu’il est trop tard.
Dominique Escarra

mercredi 20 mai 2020

Souvenirs de Philippe Duval


Notre camarade Philippe Duval, Président du Directoire de TEREOS jusqu'en 2012 est décédé le 22 Août 2019. 

Pour lui rendre hommage, Olivier Devergne a rassemblé le témoignage de son épouse Agnès qui nous a parlé de l'homme, mari, père et grand-père, celui de Jacques Fréneaux (HEC 68) qui fut son plus proche collaborateur pendant de très nombreuses années, et celui de Boris Prassoloff (HEC 66) qui, dans le cadre de ses fonctions de directeur général du CIPS (Interprofession Sucrière), a croisé à de nombreuses reprises la route de Philippe et a suivi la construction du groupe Tereos.

Témoignage recueilli lors d'un entretien d'Olivier Devergne avec Agnès Duval

 
Notre camarade s'en est allé dans le courant de l'été 2019, alors qu'il séjournait comme tous les ans sur l'île de Noirmoutier où il possédait une maison.


Notre dernière rencontre remonte au 3 mars 2011, où il avait accepté de venir nous raconter comment une coopérative sucrière de l'Aisne était devenue le troisième acteur mondial dans le Sucre. Il était revenu en 2012 participer au déjeuner du mois de janvier et ensuite nous ne l'avons plus revu.


Il devait quitter la présidence de TEREOS au profit de son fils Alexis en octobre 2012.
Depuis, sa santé s'est lentement dégradée ; il ne prenait plus d'intérêt à rien.
Ayant toujours aimé la marche, dans les premiers temps il a beaucoup marché seul, mais assez vite, il ne savait plus comment rejoindre son domicile. Notre camarade Régis d'Hérouville l'accompagnait souvent dans ses promenades au Bois de Boulogne.


Philippe n'était lié intimement avec aucun d'entre nous, et lorsque j'ai cherché qui pouvait témoigner de sa personnalité dans notre promo, je n'ai trouvé personne. Et c'est grâce à Agnès que je peux aujourd'hui écrire ces quelques lignes pour parler de Philippe en dehors de son cadre professionnel, sujet qui sera abordé par ailleurs.


Philippe était une figure de notre promotion, secrétaire du Bureau Thouard ; il avait fait sa prépa à Louis le Grand venant de Saint Quentin. Il avait deux sœurs ainées et un frère, cardiologue.
Marié en 1969, il a pu fêter ses 50 ans de mariage. Avec Agnès ils ont eu une fille ainée suivie de triplés deux filles et un garçon,  Alexis aujourd'hui à la tête de Tereos, HEC 01.
Grand père de 11 petits enfants, il s'en occupait beaucoup, allant les chercher à l'école et les faisant travailler tant que sa santé le lui a permis.
Il a longtemps habité Saint Quentin, ville à laquelle il était très attaché. Il avait d'ailleurs participé à l'édition d'un livre sur l'Art Nouveau à St Quentin avec un architecte local. Son intérieur traduit bien l'intérêt qu'il portait à cette époque.
L'acquisition de Beghin Say conduisit Philippe et Agnès à déménager à Paris où il pouvait laisser libre cours à son amour de l'Opéra, seule réelle fantaisie dans une vie presque complétement consacrée à TEREOS.
Ce sont les séjours sur l'île de Noirmoutier qu'il affectionnait particulièrement où la tension retombait et laissait place à la détente et à la convivialité
Il avait un caractère affirmé mais savait aussi faire confiance.


A la fin de sa vie, il a fait totalement confiance à son entourage et à Agnès particulièrement, sachant qu'il n'avait plus les capacités mentales pour maîtriser les divers aspects de la vie courante ; il a lâché prise sans jamais faire preuve d'agressivité à l'égard de ses proches. C'était un camarade toujours souriant, sourire qu'il arborait lorsqu'il déambulait dans les rues de Paris perdu dans son monde intérieur....

Olivier Devergne

Témoignage de Jacques Fréneaux
Inutile d’insister sur l’implication de Philippe Duval dans son métier, ou sur sa vision stratégique. La trajectoire de la direction des Sucreries et Distilleries de l’Aisne à celle du groupe multinational Tereos le démontre suffisamment.
Philippe Duval au travail, cela peut être résumé par cinq mots : rigueur, exigence, transparence, flexibilité et ténacité.

  • Rigueur : je n’ai jamais vu Philippe Duval arriver en retard. Ni ne pas être prêt pour une réunion ou une communication. Ni faire attendre qui que ce soit pour un rendez-vous, le précédent sur son agenda eût-il été de grande importance.
  • Exigence : tout en restant d’une courtoisie parfaite, il terrorisait ses collaborateurs par ses demandes de réponses sinon immédiates, du moins avec des délais extrêmement brefs. Et pas question de ne pas respecter ces délais. Ce qu’il voulait, il l’obtenait (presque) toujours, en donnant l’exemple. Car il était le premier auquel il demandait le maximum. Si on mettait une note dans sa boite au lettre le soir vers minuit à son domicile, on pouvait être sûr que le lendemain matin, dès 8h, il vous attendrait de pied ferme pour vous poser des questions.
  • Transparence : il faisait partager toutes ses réflexions stratégiques. Que ce soit vis-à-vis de ses collaborateurs, des représentants du personnel ou des actionnaires, rien n’était laissé dans l’obscurité. En contrepartie, il ne tolérait pas la dissimulation. Si une erreur était commise et lui était cachée, sa réaction était brutale. Si elle était confessée, son mot était : « quand on a fait une c… le mieux est de l’oublier le plus vite possible ». Précepte qu’il s’est appliqué à lui-même pour ses quelques (rares) échecs.
  • Flexibilité : en corollaire de cette caractéristique de transparence, il ne s’estimait pas tenu par le passé. S’il changeait de stratégie, il défendait le nouveau point de vue avec autant de persuasion et de talent que le précédent. Changement d’objectifs, renversement d’alliances, il fallait suivre. Cela en a dérouté plus d’un.
  • Ténacité : il était maître dans l’art de contourner les obstacles pour arriver à ses fins. Ou de revenir à la charge quelques années après, si l’objectif lui semblait toujours valable. Sa capacité de résistance était proprement ahurissante.
En conclusion, quoique toujours tendu à l’extrême, il ne manquait pas d’humour. C’était un patron qu’on suivait avec enthousiasme.

Jacques Fréneaux  HEC 68

Témoignage de Boris Prassoloff HEC 66
Le grand mérite de Philippe est d’avoir commencé comme directeur d’une petite sucrerie coopérative du Nord de la France, de l’avoir parfaitement gérée (il était « né dans l’usine », que son père dirigeait avant lui), et de l’avoir développée avec rigueur et obstination jusqu’à en faire le deuxième groupe sucrier mondial.


A ses débuts, il était regardé de haut par les grands groupes sucriers de l’hexagone.
Jouissant de la confiance du milieu agricole, il a commencé par absorber ou se regrouper avec des sucreries voisines : en 2000, le groupe comptait déjà 7 sucreries en France.
Il a été le premier dans la profession à s’implanter à l’international en rachetant en 1992 une sucrerie tchèque.
Anticipant l’émergence du Brésil comme géant sucrier mondial, il s’y implante également en s’associant en 2000 avec le premier groupe sucrier brésilien. Parallèlement, il diversifie les activités de son groupe en Europe par des joint-ventures dans l’activité de transformation des céréales en amidon, alcool et produits sucrants destinés aux industries agro-alimentaires.
Son coup de maître est le rachat en 2002, avec la collaboration des organisations de planteurs, du numéro un historique du secteur en France, Béghin-Say ; le groupe sera rebaptisé Tereos, tout en conservant la marque commerciale Béghin-Say.
Il poursuit sa croissance externe en reprenant des sucreries au Mozambique, au Brésil, à La Réunion, et en rachetant les amidonneries de Tate & Lyle. En 2012, il s’implante par une joint-venture en Chine et acquiert une sucrerie en Roumanie.


Après la retraite de Philippe fin 2012, la politique d’expansion a été poursuivie par son fils Alexis (HEC 01). Le groupe Tereos est la propriété de 12 000 associés coopérateurs, qui sont les agriculteurs approvisionnant ses usines françaises. Fin 2018, il exploitait 50 usines implantées dans 18 pays sur quatre continents, qui traitent trois matières premières principales : la betterave, la canne à sucre, et les céréales.


Tout cela a été accompli sans roulements de tambours, sans se verser des rémunérations indécentes, et sans dégâts sociaux lorsqu’il a fallu fermer des usines en France.
C’est une vision, une détermination et un parcours qui forcent le respect.

Boris Prassoloff HEC 66

mardi 19 mai 2020

Mise à Jour n°1 - HEC 66 et le confinement

Quelques mails et photos ont encore été ajoutés dans tous les fichiers.
Ce sont 157 camarades qui ont envoyé une contribution.
Consultez l'onglet "Confinement 2020" !