mercredi 22 février 2017

Souvenirs de Jean-Pierre HAUGUEL

Dai Le Thuc nous a fait part du décès de notre camarade Jean-Pierre Hauguel, au soir du 19 février dernier.


Il nous a transmis ces quelques lignes :

"Sa générosité et son altruisme naturels en faisaient un éternel insatisfait devant l'état du monde...
Le culte des ancêtres, au Viet-Nam, procède d'une profonde conviction, entre autres, que les morts ne sont pas morts, et resteront toujours vivants...."

François d'Hauteville nous a envoyé ses souvenirs

"Je n'ai pas été un ami intime de Jean Pierre Hauguel. Mais j'ai reçu cette nouvelle avec une émotion particulière car elle me renvoie deux souvenirs de l’École. 

Hauguel (on s'appelait par nos noms à l'époque) avait une belle voix de basse. Dès notre entrée à l’École,  il avait pris l'initiative de susciter un petit groupe vocal de Gospel, et pendant quelques jours, avec quelques autres, nous avons essayé de voir quels auraient pu être nos ambitions et notre répertoire. Cela n'alla pas très loin, en tous cas pour moi, mais ce souvenir qui m'est resté témoigne que c'est lors de ces premières semaines dans notre nouvelle école que se sont forgés des moments de camaraderie très forts, même si les trajectoires nous ont tous séparés. Fiasco donc pour le chant choral, mais moments partagés à nouveau dans l'équipe d'athlétisme. Hauguel était un sprinter très honorable et participait fidèlement aux relais 10 fois 100 ou 200 mètres, épreuves reines de ces "tournois triangulaires" de légende qui indiquaient le vrai potentiel athlétique et collectif de notre école. A la clé, les entraînements les soirs d'hiver à la lueur de quelques pâles réverbères sur l'anneau cendré installé derrière le central de Roland Garros, sous la férule de notre cher et docte entraîneur Dassonville, affairé à suivre les courses fractionnées des uns et des autres à l'aide des nombreux chronomètres qu'il portait en sautoir.

Quarante cinq ans plus tard j'ai redécouvert Hauguel lors du voyage au Liban et j'ai appris qu'il s'appelait Jean-Pierre. J'ai admiré la manière qu'il avait de concilier les liens de camaraderie avec notre groupe, et une vision de la société et des engagements qui étaient si éloignés de ceux de la plupart de ses camarades. Avec fougue, il cherchait à nous faire voir qu'une autre société pouvait advenir, plus généreuse pour ceux dont la vie est plus dure et plus respectueuse du bien et des ressources communs. Il s’inscrivait par là dans la tradition du socialisme né du 19 siècle et de la critique naissante d’une société menacée par les égoïsmes individuels. Il me semble dans mon souvenir que Chantal, son épouse, n'était pas en reste. Je regrette beaucoup de n'avoir pas pu être du voyage qu'il avait organisé en Normandie (1). 

Il me semble que, sans des hommes et des femmes comme notre camarade Hauguel, le monde serait encore plus dur et plus injuste."

François d'Hauteville HEC 66



(1) Il était un fidèle des activités de notre promotion et il nous avait entraînés dans une promenade dans son pays de Caux en septembre 2009. Le programme était bien à son image. Les rencontres qu'il nous avait préparées étaient variées et conformes à ses préoccupations, une conteuse anglo-cauchoise qui avait su nous subjuguer en nous racontant le LIN, des délégués syndicaux d'une centrale nucléaire voisine et de son environnement économique, des écologistes, Sabine Servan Schreiber venue en voisine, la ville du Havre...
Sa générosité était sans limite, son enthousiasme pour les causes qu'il défendait aussi.


Olivier Devergne  Délégué promotion HEC 66

Un dernier écho de Jean-Paul Pierret

Jean-Marie Grisard nous a informé du décès de notre camarade Jean-Paul Pierret, survenu le 5 février dernier.

Retraité depuis 2015, il continuait de participer au Comité de rédaction de la revue Analyse Financière, revue dans laquelle il a écrit de nombreux articles sur la stratégie, la relation actionnaires, le rôle des indices.

Il avait exercé son talent d’écrivain en publiant en janvier 2015 "L'entreprise à l'épreuve de la bourse, miroir ou mirage ?". Il y racontait, dans des pages passionnantes, les introductions en bourse d'entreprises françaises devenues aujourd'hui leaders mondiales, introductions auxquelles il avait été associé professionnellement.

Il commentait aussi l’actualité économique et politique dans sa « Lettre du Cormoran », bulletin satirique clandestin calvais.
Après y avoir évoqué début janvier 2017 la protection sociale à propos du prochain renouvellement de l’exécutif de la COMC (Conférence des Oiseaux de Mer de Calvi), sa dernière lettre du 22 janvier 2017 traitait d'une utopie politique récente.

Voici cette lettre :

L'écho du cormoran n°29 ( Bulletin satirique clandestin calvais)

« Fretin pour tous »: une utopie fashion

En période électorale foisonnent les propositions les plus inattendues.
On hésite à leur sujet entre la conviction naïve de marquer un auditoire et de se créer une image, le souci de sortir des sentiers battus, la rouerie cynique de la plus basse démagogie, ou au contraire, l'utopie sincère mais toutefois imperméable au chiffrage de la promesse.
Notre dernier bulletin abordait le thème de la protection sociale à propos du prochain renouvellement de l'exécutif de la COMC (1). Tel qu'il est aujourd'hui, nous avions conclu que le système courait à sa perte en cumulant les déficits, comblés par une dette croissante de poisson, devenue hors contrôle.

Jusque vers la fin de l'an passé, le débat se circonscrivait entre les sortants, défendant à peu de chose près un statu quo déjà irréaliste, et une opposition soucieuse d'y remettre de l'ordre et de proportionner l'assistance aux ressources réelles de notre communauté.
Mais, désespérément en quête d'image, un de ces sept candidats qui se disputent la succession, sans bien sûr accepter d'assumer la médiocrité d'un quinquennat auquel ils ont tous plus ou moins directement participé, n'a pas trouvé mieux que de pratiquer la fuite en avant sur le sujet.

Son idée géniale s'appelle « fretin pour tous », sans aucune distinction, de la tombée du nid jusqu'à la mort.
Cela revient à soigner le mal par le mal, vouloir sortir de notre surendettement par encore plus de dette, en se fondant sans doute sur l'idée que ce coup de pouce à la consommation allait relancer l'emploi, des oisillons notamment.
L’« idée » à peine évoquée, on voit au contraire les plus étourdis de nos membres, considérant la chose acquise, abandonner les séances de travaux pratiques de pêche assurées par les responsables de nichée les plus expérimentés.
Laissant là toute velléité de tenter de vivre par leur travail, assurés qu'ils se croient de pouvoir obtenir toute leur vie une subsistance assurée par le travail des autres, on les voit batifoler sur la plage, déployant complaisamment leurs ailes au soleil.
D'autres, affalés les ailes en croix sur les rochers, ne jettent même plus un œil sur les multiples éclats argentés des bancs défilant au large.
Incapables de se projeter dans l'avenir, ces malheureux volatiles ne mesurent même pas que les dotations en « fretin pour tous » seraient, au mieux, suffisantes pour assurer la pitance provisoire d'un oiseau isolé, jeune tombé du nid, solitaire, migrateur divers, mais au grand jamais pour nourrir une nichée affamée.

L’« idée » est naturellement farfelue.
-  Cela reviendrait à doubler le budget de notre communauté et, faute de pouvoir sensiblement accroître les emprunts de subsistance à l'extérieur, ce sont bien entendu des prélèvements obligatoires supplémentaires sur les nichées installées qui devraient venir combler le manque.
-  On sait que, pour diverses raisons, assurer notre subsistance devient problématique : l'entraînement à la pêche est moins bien assuré dans des nichées déstructurées, la ressource elle-même se fait rare du fait de la détérioration de la qualité de l'eau, les oiseaux migrateurs se multiplient du fait de l'insécurité croissante de nombreuses régions du globe déstabilisées par les vautours du grand urubu noir, ils alourdissent la ponction sur les réserves ichtyologique de la baie de Calvi.

C'est donc, bien au contraire, d'un effort supplémentaire de collecte de ressource dont nous avons besoin.
Un goéland, précédent responsable de notre communauté, avait obtenu une certaine audience avec son slogan « pêcher plus pour manger plus ». Mais ses successeurs n'avaient pas prolongé l'effort de formation des plus jeunes ni libéré la durée du temps de pêche, ni déréglementé les conditions d'activité.
Le « fretin pour tous » bat clairement en brèche le credo sur lequel est bâtie notre communauté.
Cette fausse bonne idée mise en œuvre affaiblirait à terme rapproché notre indépendance économique et, on vient de le voir, tout le savoir faire accumulé par nos ancêtres.
Il nous faut au contraire entretenir et développer les capacités de nos membres à aller encore plus loin et plus profond chercher la ressource.
Et cela ne s'obtiendra pas en se lissant nonchalamment les plumes sur le rivage.

Si vous voulez le fond de ma pensée, je crois que les volatiles qui formulent ces propositions sont persuadés qu'ils n'auront jamais l'occasion de les mettre en œuvre.
Leur véritable objectif est tout simplement de se construire une image, de prendre date pour prendre rang dans leur groupuscule.
Cela ne mériterait même pas d'être signalé sauf que, ce faisant, ces démagogues de perchoir suscitent une fois de plus, chez les plus naïfs ou les plus démunis de nos fratries, des espoirs sans lendemain.

Ils portent ainsi un discrédit sur l'ensemble de ceux d'entre nous qui tentent sincèrement de se dévouer au service de la communauté.

(1) COCM: Conférence des Oiseaux de Mer de Calvi.

Jean-Paul Pierret, le 22 janvier 2017

mercredi 1 février 2017

MULTIPLAST et la COUPE de L'AMERICA

Multiplast SAS (Vannes), associée à Décision SA (Suisse) au sein du groupe Carboman SA,  est l'un des leaders européens du composite pour l'industrie, l'aéronautique et pour la fabrication de navires de compétition.
Un groupe de la promo 66 a visité l'usine de Vannes au cours du voyage de septembre 2014.
Jean-Berty Hennel, l'organisateur de ce voyage, suit de près l'activité de Multiplast et nous a transmis l'article ci-dessous.

Multiplast livre l'AC 50, destiné à courir la 35 ème édition de l'America's Cup

Ces dernières semaines ont été intenses au chantier Multiplast pour transformer l'AC 45 Turbo livré en juillet au team Groupama, en AC50, le catamaran qui servira à défendre les couleurs françaises dans la Coupe de l'America aux Bermudes fin mai 2017 entre les mains de Franck Cammas.
Groupama Team France s'est entraîné jusqu'au 20 décembre à Lanvéoc sur l'AC 45 Turbo avant de remettre le catamaran en chantier chez Multiplast à la veille de Noël.


La transformation a consisté à déposer les flotteurs de 45 pieds et à les remplacer par des coques de 50 pieds, éléments préalablement construits dans les ateliers de Décision en Suisse entre mai et novembre, puis acheminés jusqu'au chantier vannetais par camion.
Il a fallu ensuite assembler les nouveaux flotteurs et repeindre l'ensemble. L'assemblage est une opération délicate qui a demandé plus de 2 500 heures de travail pour Multiplast et autant pour les équipes de Groupama Team France qui ont été présentes durant les modifications.


Recherche de performance

Ben Wright, responsable de l'équipe technique de Frank Cammas explique : 
"La modification est très exigeante en précision car nous sommes toujours à la recherche de performances, de gain de masse et de fiabilité des systèmes. Nous devons également respecter la jauge définissant les caractéristiques de ces bateaux de Coupe America. En parallèle du travail sur la partie composite, que Jack Michal a suivi pour Multiplast, notre tâche a consisté à intégrer l'électronique, l'hydraulique mais aussi les nouvelles idées collectées durant les 5 mois de navigation sur le bateau Test AC45 Turbo".

Respect des tolérances de jauge

La jauge sur ces catamarans de première génération dans cette nouvelle classe est très stricte.
Horacio Carabelli, responsable du suivi construction pour Groupama Team France, précise : "La jauge, est l'un des points critiques sur ces bateaux. Nous ciblons des tolérances de 1mm sur les principales dimensions du catamaran et l'enjeu en termes de masse se situe autour de quelques grammes par m². Les marges sont très réduites donc il faut rechercher au maximum la précision à tous les niveaux de fabrication. Le défi est d'autant plus ambitieux que nous n'avons eu qu'un bateau d'entrainement alors que les américains en sont à leur 4ème".