samedi 15 janvier 2022

SOUVENIRS de SEPTEMBRE 1963

Le 28 juin 2021, notre camarade Gérard Lissorgues a envoyé à Olivier Devergne des extraits du Mercure d'octobre 1963, pleins de pertinence et d'esprit.


LA RENTRÉE

Un train bondé, un boulevard luisant sous la pluie, un portail majestueux dans sa vieillesse ; des parapluies et quelques têtes.
C'est le 25 septembre, c'est la rentrée à H.E.C.

Franchi le portail, ce qui nous restait d'illusions s'envole. La réalité est là, bien proche, et l'on se sent un peu perdu.

Perdu : il y a là trois cents personnes, hier encore concurrents, et désormais partenaires.
II y a surtout ces bâtiments austères, ces longs couloirs vides et ces escaliers.
Oui, surtout ces escaliers ; rien n'est aussi éprouvant que de monter un escalier au milieu d'inconnus, seul.
Et c'est presque avec soulagement que l'on gagne sa place ou sa chaise (privilège des gens supérieurs) où l'on a son numéro ; quelque chose à quoi se raccrocher enfin, pour nous prouver notre existence.
Perdu aussi devant « L'importance de la tâche qui nous attend ».

On se sent vieux d'un seul coup ; une rupture soudaine s'est opérée entre deux parties bien distinctes de notre existence.
Nous quittons le monde des enfants pour entrer dans le monde des gens sérieux ; rien ne saurait mieux nous le montrer que les visages féroces et qui se veulent austères de nos professeurs, lors de la première conférence.
                                                                                                         

                                                                                                         Auteur inconnu
                                                                                                        (Maurice MARCHAND ?)

LE CUDAL

Voilà, dans sa généralité, la rentrée de l’élève normal.

La rentrée du « Cu-dal » s’est effectuée d’une toute autre manière.

Celui-ci, plein de confiance, sûr de la supériorité due à son rang, était fier de son œuvre ; il avait fait des prodiges d’intelligence et de Calcul, il avait su doser tous ses efforts : ni trop, ni trop peu.

II était aussi très confiant, car il se sentait Uni aux autres, qui, par leur désintéressement, lui avaient laissé le bénéfice de cette place privilégiée.

II n’en connaissait pas moins les Dangers de cette position ; les on-dit dont il se moquait, bien sûr, mais, surtout, le fait que derrière lui, il y avait un grand trou ; il ne pouvait plus reculer.

Finalement, son Amour l’emportait sur ses craintes, car, après tout, cette situation ne se présenterait jamais plus, et, dans le fond, il avait mérité aussi sa part de Louange.

Calcul, Union, Danger, Amour, Louange : Cudal peut-être, mais heureux sans aucun doute.     

                                                                                                                J.P. WACOGNE
                                                                                                                1ère Année

DOUCEUR DE VIVRE

Quel bonheur d'être fistici !
Dès le premier jour, une douce extase pénètre les nouveaux venus qui se sentent pris d'une joie à nulle autre seconde en entendant nos chères autorités nous annoncer ce paradis que sera notre vie ici.
Rien que des douces et suaves paroles qui coulent comme du miel en notre cœur ému ; il n’est question que de farniente et de relaxation ; évidemment, nous avions tous une folle envie de travailler en arrivant, mais puisqu'on nous prend si gentiment...

Et, mélancoliques, on se prend à penser à ces élèves des "petites écoles" qui n'ont même pas leur samedi après-midi pour se reposer, les pauvres.

Les conférences d'introduction pour les cours viennent compléter ce tableau idyllique. Le Major, fidèle à la tradition, va saluer chaque professeur et se sent un peu intimidé par cet impressionnant silence qui, désormais, présidera à tous les cours d'amphi.

Oh !,  joie des nouvelles matières que l'on découvre ! Que de cœurs qui battent pour cette chère compta !

D'aucuns vont même jusqu'à n'en plus regretter la présence de Suzie(s) dans « cette honorable maison », comme disent certains.
 

Malgré tous les obstacles dressés sur notre route, un travail acharné s'organise.
L'Anglais est tout particulièrement chiadé : bridge, cross, football, rugby etc…, et les séminaires, brefs moments d'euphorie, apportent à chacun son bonheur quotidien.
 
Et, du fond de la mémoire, des mots doux reviennent aux lèvres : 
« C’est la vie de château : pourvu que ça dure ! »

                                                                                                        Maurice MARCHAND
                                                                                                        1ère Année

 

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