mardi 23 février 2021

Philippe Gautier, un passionné discret, de motos, voitures et voiliers

Le 21 février 2020, Olivier Devergne nous a informés du décès de Philippe Gautier : 

"Chers amis
J'apprends ce matin le décès de notre camarade Philippe Gautier.
Ses obsèques auront lieu demain samedi à 14h30 à Saint Pierre de Chaillot.
C'était une belle personne, discrète, chaleureuse, bienveillante et pleine d'humour."
Olivier Devergne

 
Son ami Michel Chavanon nous a conté ses souvenirs de Philippe.
 
"Il y a tout juste un an, Philippe Gautier nous a quittés. Sans prévenir.

Jubilé - Septembre 2016
 

Sa retenue et sa discrétion assumée ont fait que beaucoup d’entre nous le devinaient plus qu’ils ne le connaissaient vraiment. 

Même si, à HEC, Philippe était facilement repérable à sa pipe et à ses motos - il venait parfois à l’école avec une authentique Harley Davidson, un vieux modèle militaire dont la taille nous impressionnait beaucoup et qu’il garait en haut de l’allée du 108, Bld Malesherbes.
Il avoua plus tard qu’elle n’était pas très facile à piloter !

Son amitié était bienveillante, délicate sans exigence, indéfectible malgré les éclipses dues à nos préoccupations et nos activités respectives.

 

 

Quels moments liés au parcours de notre promotion retenir ?

Sans doute, en premier, le voyage au Liban d’une quinzaine d’entre nous, au printemps 1964. Un voyage organisé par deux camarades libanais d’HEC. Nous avons connu un Liban généreux, creuset d’Orient et d’Occident, étonnant de vitalité et de liberté, qui avait subjugué Philippe et nous tous, puisqu’à l’unanimité nous décidâmes d’y prolonger notre séjour, avec une incursion improvisée dans la Damas voisine riche d’un patrimoine architectural encore préservé, sa grande mosquée des Omeyyades, le narguilé…  Une région séduisante, mais déjà zone de conflits épisodiques.
Nous nous sommes mieux connus l’année suivante lors du stage étudiant que nous avons effectué, au même moment, à Philadelphie. Ce séjour s’est poursuivi par un long périple dans l’Ouest américain, parcouru en Greyhounds et station-wagons Oldsmobile ou Chevrolet aux formats de plus en plus grands car s’était agrégée, en chemin, une poignée de Français parmi lesquels nous avons gardé quelques amis proches.
En 1964, pour le baptême de la 1ère promotion de Jouy, l'équipe du Boom de la promo 65 avait organisé la course à vélo symbolique pour rallier Jouy en Josas à partir du « 108 » avec des équipements et des tenues… très diverses. Philippe avait pu faire venir une « voiture d’assistance » Peugeot d’une équipe cycliste de la marque. Très rapidement, son conducteur fut identifié : il s’agissait d’un grand coureur de cette équipe, Michel Nédélec, vainqueur du Bordeaux-Paris en 1964 et plusieurs fois participant au Tour de France. Lors de passages vite délicats de la proche banlieue, il fut facile de convaincre le champion (ce fut Serge Gauthron qui s’en chargea) qu’il serait plus performant que n’importe lequel d’entre nous sur l’un des vélos, quelle qu’en soit la qualité... L’échange permit de faire toute sa place à son grand talent mais resta mystérieux pour beaucoup, entraînant des questionnements et des contestations sur le palmarès de l’arrivée à Jouy !

Saint Denis - Octobre 2018
 

La même année, Philippe m’avait convié aux sports d’hiver en Bavière à Garmisch-Partenkirschen où, de manière tout à fait « fortuite », il avait rencontré dans la Munich toute proche une ravissante Autrichienne, prénommée Krista, dont il me disait le plus grand bien et dont j’ai vite compris qu’elle n’était pas une parfaite inconnue et qu’elle risquait fort de jouer un rôle important dans sa vie.

Philippe aimait échanger sur l’économie, la politique, l’évolution des sociétés.  C’était un gourmet, un amateur de grands crus et de cigares bagués.


 

 

Il était aussi un marin de cœur qui avait choisi d’embarquer comme aide de camp d’amiral pendant son service militaire et qui aimait à pratiquer la voile en Méditerranée. Il guettait les marines à Drouot, où je l’accompagnais parfois, pour enrichir une collection familiale commencée par un ancêtre armateur.

A HEC, Philippe était un volleyeur assidu. Passionné d’automobile, il avait emmené quelques coéquipiers chanceux disputer un championnat des grandes écoles à Stockholm, au volant d’une Peugeot Sport de collection, une voiture de compétition prêtée par la marque.
Cette passion a guidé sa carrière dans la sous-traitance automobile où il a exercé des responsabilités « business » et su naviguer au près à travers les multiples fusions et restructurations de cette branche.
Il partageait son temps entre ses activités parisiennes et la gestion d’une concession automobile familiale située à Nîmes qu’il avait fait grandir ces dernières années, notamment par des acquisitions.

Il était très proche de sa famille, Krista, Marie et Charles-Henri devenu chirurgien en cardiologie dans un service renommé - vocation inattendue chez les Gautier, qui l’avait bluffé.
Ses parents devenus tous deux centenaires, en partie certainement grâce à son dévouement attentif, vécurent longtemps dans l’Hérault, voisin du Gard.  
Son père, lui aussi très discret, avait dirigé le groupe Peugeot puis Peugeot-Citroën, mais la modestie de Philippe faisait que nous n’en parlions jamais.

Philippe était heureux de participer aux voyages et aux activités de la promotion. 

Bien sûr, Toulon et la visite du Charles de Gaulle où sa fille Marie a pu faire un stage d’une semaine à bord, le voyage à Madrid Ségovie et Tolède, la croisière sur le Danube et son escale dans la splendide ville de Linz,

Krista et Philippe - Croisière sur le Danube - Juin 2014
 
 
 
d’où était originaire la mère de Krista, où elle-même avait passé une partie de son enfance et où fut scellée leur union en 1968.

Afin de bien célébrer ces retrouvailles, tout le groupe s’était réuni sur le pont pour les applaudir pendant que le capitaine saluait le passage devant l’église où leur mariage avait été béni, par plusieurs coups de sirène tonitruante.


 

 

Philippe était aussi présent lors de la célébration de notre 50ème anniversaire chez Louis Omer Decugis, ainsi qu’à nos voyages à Nice, à Strasbourg pour redécouvrir l’Alsace et sa route des vins, au Portugal. Il était aussi des nôtres à la Maison de la Légion d’Honneur et à la Basilique Saint Denis.

Philippe était un camarade et un ami irremplaçable. Par son humour, son élégance morale, son courage et sa dignité, il était de ceux qui portent en eux le meilleur de notre ANEP66."

 Michel Chavanon
(Avec la mémoire complice
de Jean-Pierre Richard, pour certains éléments)

 

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