jeudi 18 février 2021

Une LaFontainerie de François d'Hauteville

Mes amis,
Votre blogmaster est lamentable...
Depuis le 26 septembre 2018, il vous a privé d'une publication délicieuse, issue du talent poétique de François d'Hauteville, que, par mégarde, il a enfouie au fond de son PC.
Il accepte vos remontrances indignées avec humilité et va derechef faire pénitence.
Jean-Jacques Decléty

Donc, le 26-09-2018, François d'Hauteville écrit le mail suivant aux participants du voyage ANEP66 en Pologne :
"Un souvenir qui m'a été demandé... Ce qu'en pense La Fontaine, ça...
Amitiés
François"

Et il joint cette fable que vous pouvez enfin déguster :
 
Le Mari trop curieux

A trois cents jouvenceaux fort épris de leur gloire,
Fut donné naguère ce viatique prémonitoire :
« Réussissez par les femmes !»
Nous eussions mieux fait que de rire à perdre haleine
de suivre le conseil de ce bon La Fontaine :
« La raison de Lhéraut est toujours la meilleure,
Comme je m’en vais vous le montrer tout à l’heure ».

Ils sont à la terrasse, la femme et le mari,
Fêtant d’un long hymen le récent millésime.
La nuit est légère et le vin fut sublime.
Des souvenirs leur viennent, ils en sont attendris.

Moment de confidences ! Et le mari commence.
« Ma mie, sachez que toujours je vous fus fidèle !
Bien que parfois tenté à la vue d’une belle,
Je résistais le plus souvent à la torture,
Par amour de vous, je n’eus que peu d’aventures ! »
« Chéri, lui dit-elle, je n’avais point de doutes,
Amour et confiance ont protégé notre route.
Votre aveu de fidélité, quoique partielle,
Scelle notre amitié d’un gage bien réel.

Le mari fut curieux et avec insistance,
Demande de sa femme une même transparence.
« Ah ! Mon ami, il m’arriva deux ou trois fois
De trahir notre hymen et d’accepter la chose.
Mais ce sont mes secrets, et les trahir je n’ose ».
L’homme insista : «  et que fut la première fois ? »
« Vous souvenez-vous, chéri, de cette société
Qui pour nommer le directeur de ses finances,
Vous avait, avec d’autres mis en concurrence ?
Votre talent vous mit à égalité,
Le mien fit la différence. »

L’homme un peu abasourdi,
Attend la suite du récit.
« Grâce à vos soins zélés l’entreprise fit fortune,
Et des marchés d’Orient vous fîtes la conquête,
Lorsque trois Japonais, de façon très opportune,
Vinrent en délégation présenter leur requête :
Il fallait pour l’emporter sur la concurrence,
Verser des fonds secrets sur des comptes un peu rances.
Cet argent vous ne l’aviez point.
De mon corps je fis donc l’appoint ».
Mais quoi ! Je vous vois pâle, la mine atterrée !
Sur mon sacrifice je voudrais vous rassurer !
Les nippons pour ces choses ont des manières exquises,
Je ne fus point violée, quoique je fus soumise ».

L’homme est au supplice,   
Mais veut boire tout le calice.
« Mes écarts ont toujours servi votre cause,
Augmenté votre chance, favorisé les choses.
Le dernier fut un exploit, que pour l’amour de vous
Je suis fière d’avoir accompli jusqu’au bout,
Et certaine de ne pas vous avoir déçu.
« Vous rappelez-vous mon cher, cette investiture
Que vous briguâtes, et qu’il fallait pour être élu,
Réunir à la hâte… les cinq cent signatures ? »

Maris jaloux, ou heureux amants
Transparence n’est point vérité.
Sachez supporter l’ambiguïté,
En sortir vous créera des tourments.

François d'Hauteville

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